Plume et parchemin

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Marianne et Brandon - chapitre 4

Chapitre  quatre

 

    Brandon sentait le regard de Marianne qui était posé sur lui. Apparemment, elle s'était éveillée avant lui pour la première fois depuis leur mariage quelques jours auparavant. Il avait toujours essayé de se réveiller avant elle pour la contempler dans son sommeil. Mais aujourd'hui, le premier jour à Paris, elle était sans doute trop excitée à l'idée de sortir pour dormir plus tard.

 

Cependant, l'horloge interne qu'il avait acquise dans sa vie militaire lui disait qu'il n'était pas encore 8 heures et il avait l'intention de dormir au moins jusqu'à 9 h. C'était leur lune de miel, après tout, et si un homme n'était pas autorisé à traîner au lit pendant sa lune de miel, quand le ferait-il ?

 

Mais il semblait que Marianne avait bien d'autres idées en tête. Même en faisant mine de fermer les yeux, il la voyait le regarder comme si le soleil caressait sa peau. Elle était accoudée pour mieux le regarder et il espéra qu'il avait meilleure allure endormi qu'éveillé.

 

-    Christopher, murmura-t-elle doucement près de son oreille, son haleine effleurant sa joue.

  Christopher, êtes-vous réveillé ?

 

Il cessa presque de respirer en sentant sa main repousser les cheveux de son visage. Il ne voulait plus bouger ; Il désirait ce moment depuis si longtemps ; sa main sur ses cheveux, sur son visage,  il sentait ses doigts tracer doucement le contour de sa joue ; à contre-coeur, il entrouvrit les yeux, et vit qu'elle le regardait avec quelque chose qui fit battre son coeur désespérément, quelque chose qu'il espérait tant et qui avait nom « affection ».

 -  Bonjour ma chérie, dit-il à voix basse,  comme encore ensommeillée.

 - Bonjour, répondit Marianne en retour avec un beau sourire. Je vois que le voyage vous a éreinté. Je ne vous ai jamais vu dormir jusqu'au petit-déjeuner. Sir John disait toujours que vous étiez un lève-tôt ; allez-vous tout à fait bien ?

 

Il lui rendit son sourire et dit :

 -  Je vais très bien, merci, je pensais juste que nous pouvions dormir un peu plus aujourd'hui, après tout nous n'avons rien de planifié. Le voyage a été assez long, c'est vrai, mais rien de semblable au voyage jusqu'aux Indes et je ne suis pas épuisé.

 - Je m'en doute, répondit Marianne, celui-ci a été la moitié moins long et la moitié moins pénible, j'imagine.

 - Absolument, et l'accompagnement a également été largement plus agréable à celui que j'ai eu aux Indes !!

 - J'espère, dit Marianne en rougissant. Après tout vous n'étiez pas marié à vos compagnons de voyage !!

 Le sourire de Brandon devint plus lumineux, il leva une main pour repousser des boucles sur le visage de sa femme. « Non, aucune compagne de voyage aussi agréable et plaisante que vous ! »

 Marianne sourit à cette remarque et commença à se lever du lit.

 -  Que ferons-nous aujourd'hui ? s'enquit-elle en prenant un déshabillé posé sur une chaise.

 -  Tout ce que vous souhaitez faire, ma chère, répondit-il. Une petite balade le long de la Seine ou avez-vous quelque chose en tête tout particulièrement ?

 - Pourrions-nous visiter le Louvre ? j'ai tellement hâte de voir les beaux arts, s'exclama Marianne.

 - Bien sûr ! Brandon la vit se diriger vers son salon. Il prit sa montre posée sur le chevet et regarda l'heure : 8h1/2 ! Il ne l'avait jamais vue aussi pressée et lui qui pensait rester au lit jusqu'à 9 h… il soupira et se dirigea vers son propre dressing-room.

 

 

 

  

-   Oh, c'était absolument magnifique, s'extasiait Marianne lorsqu'ils avaient quitté le Louvre.

 -   Absolument en effet, répondit Brandon alors qu'ils marchaient le long de la Seine

 -   Vous n'avez pas aimé ? demanda Marianne anxieuse en le regardant

 -    Mais si bien sûr ! et tout ce qui vous plait me plait également.

 Marianne devint toute rouge mais lui rendit son sourire en disant :

 -   Ah vraiment ? alors vous allez peut-être aussi passer vos soirées, assis près du feu à broder des coussins ?

 Brandon éclata de rire :

 -  Je le ferais peut-être si je savais que vous aimez broder, mais si j'ai bonne mémoire, je sais de source sure que vous détestez cela.

 -  Oh, et qui vous a dit cela, Margaret ? répondit Marianne en fronçant légèrement ses sourcils

 -  Margaret ? non pas du tout.

 -  Ma mère alors ?

 -  Non plus, je cros que c'est M. Ferrars qui m'a confié cela.

 -  Edward ? Non, ça ne peut être lui, je suis sûre qu'il s'agit de Margaret.

 Brandon prit simplement un air innocent et lui sourit. Marianne poussa un petit sourire d'exaspération et lui tourna le dos pour admirer la vue.

 

Mais soudain les yeux de Marianne s'illuminèrent : 

- Oh, regardez Christopher, une boutique de livres anciens, elle a un  nom anglais ! Nous pouvons aller voir ? nous pourrons peut-être trouver un livre intéressant ?

 Connaissant l'amour de Marianne pour les livres, ils entrèrent volontiers dans la petite boutique du libraire. Il nota quelques volumes en Anglais à côté de tous les livres en français.

 

Il pouvait sentir l'excitation de Marianne alors qu'elle parcourait les titres sur les couvertures.

 -   Je vais peut-être vous laisser choisir à votre guise ? demanda-t-il avec sollicitation.

 Elle approuva d'un hochement de tête et d'un sourire.

 -  Je vais chercher de mon côté, je ne serais pas loin si vous avez besoin de moi.

 Un peu à contre coeur il la laissa fouiller dans ce qu'elle aimait le plus.

 

De son côté, il fut absorbé par des titres plus sérieux. L'art de la guerre, puis des volumes de Scott, peut-être Marianne aimait-elle cet auteur, il attrapa « Lays of the Last Minstrel » et ouvrit des pages au hasard. Il lut quelque passage et se dit qu'il allait acheter ce volume. Il prit le volume sous son bras et son regard passa sur les autres titres. Il y en avait énormément. Il lui semblait que le temps avait passé, il jeta un œil à sa montre gousset : ils étaient restés dans la librairie plus de 20 minutes et il était l'heure du thé.

 

Il trouva Marianne le nez plongé dans les Oeuvres de Wordsworth «  Lyrical Ballads »

 - Marianne ? il l'appela doucement,  êtes-vous prête ?

 Elle approuva d'un signe de tête et jeta un regard de curiosité au livre qui était sous le bras de Brandon.

 -  Qu'avez-vous choisi ?

 Il lui montra le volume et elle se mit à sourire :

 -  Scott ? la poésie est vraiment divine !

 -  Je le pense aussi.

 - S'il vous plait pouvez-vous m'en lire un passage, demanda Marianne. J'aime beaucoup vous entendre lire.

 Brandon rougit légèrement mais ouvrant le livre, il se clarifia la voix et commença de sa belle voix grave :

 "Love rules the court, the camp, the grove,

 

And men below and saints above;

 

For love is heaven, and heaven is love.

 

- Oh, j'adore ça, soupira Marianne. C'est tellement beau.

 Brandon fit un geste et regarda le titre du livre que tenait Marianne

 Wordworth ? Bien ! tiens j'aurais peut-être dû citer :

 

 « All Thoughts, all Passions, all Delights,,

 

Whatever stirs this mortal Frame,

 

All are but Ministers of Love,

 

And feed his sacred flame."

 

Il regarda Marianne qui était rouge de plaisir. Il prit ce livre et lui offrit son bras pour aller payer le propriétaire. Ils se dirigèrent vers la voiture pour les reconduire à l'hôtel. Leur journée avait été délicieuse et Brandon était heureux qu'ils se soient si bien entendus.

 

la suite : https://plumeetparchemin.blog4ever.com/marianne-et-brandon-chapitre-5

 

1798 la terrasse des tuileries an VI.PNG



06/12/2008
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