Plume et parchemin

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17 - Asher et Jean-Claude : souvenirs et fuite

Jean-Claude avait eu toute la nuit pour ressasser ses souvenirs ; cette Juliette, si ressemblante avec celle qu'il avait aimée avait été le catalyseur.

Il y a un siècle,  il avait enfin trouvé un moyen de se libérer, mais tout ce qu’il avait vécu pendant cette longue expérience l’avait changé à jamais. Il avait fui Belle Morte mais les souvenirs, eux, ne pouvaient pas s’effacer. Il avait besoin de faire une coupure avec le passé et aussi avec Asher.

Asher l’amant à la chevelure d’or qui était maintenant abîmé à jamais, seul avec sa douleur. Il y avait des choses que même les vampires ne pouvaient pas guérir : beaucoup de choses corporelles, mais encore plus les atteintes de l’esprit. Il avait été détruit, totalement et Belle Morte le regardait avec dégoût son ex-amant doré.

Asher n’avait pas vu Jean-Claude pendant les dernières années de son contrat, mais à la fin il avait entendu des rumeurs : même presque un siècle après la mort de Julianna, son spectre hantait toujours Jean-Claude, autant qu’Asher, bien que quelquefois, c’étaient les souvenirs de la servante humaine qui lui permettait de survivre.

C’était dur de tuer un vampire, d’une certaine façon, mais aussi c’était facile par d’autres. Jean-Claude avait eu le temps d’y réfléchir, il avait même pensé  à l’eau bénite pour lui aussi : aurait-elle brûlé la culpabilité qui le dévorait intérieurement, laissant un emballage très beau, mais rongé de l’intérieur ?

Pourtant Asher vivait. Jean-Claude savait qu’il réclamait sa vie en paiement, qu’il l’avait réclamée plusieurs fois à Belle Morte, et même ceci était une sorte de lien, très mince entre eux, la haine si proche de l’amour.

Et puis Jean-Claude avait quitté secrètement la France.

Asher, avait-il murmuré pour la dernière fois, avant de fermer les souvenirs à l’intérieur de lui-même : Belle Morte, la France, les vampires européens et leurs jeux cruels, les tourments… Il allait recommencer une autre vie, si on pouvait s’exprimer ainsi, vivre d’autres rêves. C’est long l’éternité !

Il avait tourné ses yeux vers la côte qui apparaissait au loin et la silhouette de la Statue de la Liberté dans la brume. Quand ils s’étaient approchés, il avait vu la lumière briller sur la couronne et sur la torche qu’elle brandissait : même de nuit, c’était une vision saisissante.

 

Belle Morte avait fini par se désintéresser de lui et il avait changé totalement de mode de vie dans ce pays qui accueillait les exilés.

Et maintenant ? qu'allait-il rester de tout ce qu'il avait reconstruit ?



06/06/2012
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