Plume et parchemin

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4 - Asher et Jean-Claude : l'enfance de Jean-Claude

Jean Claude – enfance

 

Ses parentes n’étaient réellement démunis pais ils étaient des paysans avec de nombreux enfants à nourrir et ils avaient accepté la chance qui s’était présentée quand le couple de nobles avait porté leur intérêt sur leur enfant si beau et si précoce. Ils avaient quand même reçu une belle somme d’argent et avaient eu l’assurance que Jean-Claude bénéficierait de la même éducation que le fils du comte. Bien que Jean-Claude ai éprouvé du ressentiment envers ses parents qui l’avaient abandonné si facilement il n’avait en fait que des souvenirs vagues de ses premières années avec eux et le comte avait tenu sa promesse, Jean-Claude avait été élevé avec Sébastien en tant que compagnon, avec tous les bénéfices des leçons des précepteurs privés en toutes matières, aussi bien l’escrime, l’équitation que les principes de l’étiquette. Il était très bien nourri, bien vêtu. Quelquefois il se demandait s’il avait vraiment des frères et des sœurs, il ne les avait jamais revus ou rencontrés et il se demandait également quelle aurait été sa vie si le comte ne l’avait pas aperçu jouant en dehors de la maison de ses parents et s’il n’avait pas été séduit par sa beauté jusqu’à se décider à faire cette offre. Mais les souvenirs de cette ancienne vie s’éloignaient au fur et à mesure qu’il grandissait.

C’étaient seulement les corrections qui lui faisaient se rappeler que malgré les apparences d’égalité, il n’était que le garçon qui recevait les coups de fouet à la place du jeune maître, celui qui hériterait du titre, des propriétés. Pour être juste, Sébastien avait essayé de limiter ses incartades pour le bien de son compagnon, mais cela c’était plus tard quand il avait mûri, quand ils étaient devenus amis. Sébastien n’était pas un mauvais garçon, mais il était comme tous les garçons de son âge et de sa condition, gâté, impétueux et souvent désobéissant.

Les corrections qui avaient laissé des cicatrices que Jean-Claude garderait toute sa vie, même en tant que vampire, n’avaient pas impressionné Sébastien à une période de sa vie. Par la suite, la relation entre le fils du noble et le garçon qui recevait les corrections à sa place, avaient évolué en quelque chose de plus complexe et d’unique, car ils avaient pris finalement soin l’un de l’autre. En même temps, Jean-Claude ne pouvait pas oublier que c’était Sébastien qui était à l’origine de ses souffrances.

Après tout, les corrections avaient été brutales et les blessures sévères, à un tel point que Jean-Claude savait qu’Anita, si terriblement moderne dans son comportement, n’avait jamais réalisé. Il ne pouvait pas de souvenir du nombre de fois qu’il avait rampé jusqu’à son lit, les yeux de l’autre garçon brillant à la lumière des bougies des larmes retenues, et plein de remords devant les entailles sur le dos de Jean-Claude, toujours plus étendues. A ce moment-là, ils ne se parlaient pas, du moins jusqu’à ce que les blessures guérissent, bien que Sébastien vienne chaque soir le voir quand il gisait à plat ventre, le visage enfoui dans le matelas. Le garçon de ses mains blanches et douces venait étaler du baume qui aiderait les coupures à se refermer et guérir proprement, Sébastien se mordant les lèvres quand Jean-Claude sursautait involontairement sous la douleur.

« Je ne voulais pas te blesser » murmurait-il et Jean-Claude restait allongé et ne disait rien ; les larmes lui montaient aux yeux alors que les mains de Sébastien, pourtant douces, touchaient les blessures causées par le fouet.

Peut-être était-ce la pire partie de sa vie, sachant que Sébastien pensait sincèrement qu’il n’avait rien fait intentionnellement pour blesser Jean-Claude, mais c’était ainsi.

Il ne demandait jamais pardon, mais entre eux, il y avait des volumes entiers de choses non dites.

Ils semblaient, en apparence, aussi proches que des frères, du moins entre eux car pour les autres, Jean-Claude occupait une place particulière dans la hiérarchie complexe du manoir, une place qu’on se gardait bien de lui laisser oublier, bien que Sébastien le fasse souvent.

C’était encore pire à cause de l’attraction qu’il suscitait, non seulement parce qu’il était intelligent, mais aussi à cause de sa beauté.

Quelquefois, il pensait que c’était ce mélange paradoxal d’amour et de haine qui l’avait endurci, si bien que plus tard, il comprendrait et s’adapterait plus facilement à la cour des vampires et ses modes de vie.

Depuis son jeune âge il avait compris que dans chaque parcelle de haine, il y a une petite part d’amour et que les choses qu’on redoutait pouvaient aussi être les choses qu’on admirait. A la fin, il avait en avait appris plus à son sujet, il savait tout spécialement que s’il y était poussé, il se sacrifierait volontairement pour sauver celui qu’il aimait. Son passé lui avait enseigné de prendre soin de lui d’abord et pourtant en quelque sorte c’était l’opposé qui était arrivé.  Il n’avait jamais partagé le secret de son moi profond ; une faiblesse qui pourrait être exploitée par les vampires ou par n’importe qui d’autre.

C’est pourquoi les mots ironiques d’Asher, des mots faits pour blesser, l’avaient frappé beaucoup plus profondément que le vampire à la chevelure dorée ne le pensait ; qu’il ait imaginé que Jean-Claude se soit délibérément éloigné pour se mettre hors de danger quand Julianna était condamnée à mort et que Asher avait été torturé avec les gouttes d’eau bénite… savoir cela lui causait une douleur comme une marque au fer rouge. Autrefois, il était retourné à la cour de Belle Morte et volontairement avait offert deux ans de sa vie pour sauver Asher.



03/05/2012
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