Plume et parchemin

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7 - Asher et Jean-Claude : un bouquet de roses

 

Asher était tendu, certain que Jean-Claude était maintenant en France, où il devait rencontrer le Conseil. Pour la centième fois cette nuit, il se reprocha de tout son cœur son adieu si froid.  Il savait trop bien qu’un vampire peut périr, une certaine ironie du sort,  si on considère qu’il possède tellement de pouvoirs surhumains. Il y avait un monde très sombre et certaines choses que même Anita qui se disait si férue en tout ce qui était corruption ne pouvait même pas imaginer ; certaines formes de tortures, certains complots plus que machiavéliques. Et il avait laissé Jean-Claude loin de lui dans cet antre du danger, il l’avait laissé partir sans un moindre mot pour adoucir l’impasse entre eux.

Maintenant Asher soupira et essaya de se distraire mais tout ce qu’il était capable de penser c’était « je me suis conduit comme un imbécile » et il ressentait dans son propre chagrin combien il avait du blesser Jean-Claude. Asher savait que l’autre vampire s’était condamné pour avoir laissé mourir Julianna, peut-être n’avait-il pas réalisé à quel point et finalement il n’avait fait que verser du sel sur ses blessures qui n’avaient jamais guéri.

Il était toujours dans le logement de Jean-Claude, Anita était repartie chez elle, et les pièces paraissent froides et sans vie. Il s’assit sur le lit, il trouvait réconfortant de sentir des traces de la présence de Jean-Claude tout autour de lui, mais en même temps cela lui rendait son absence encore plus intense. Il décida qu’il ne pourrait pas rester à cet endroit jusqu’à ce que Jean-Claude soit de retour. Asher se dirigea vers la porte et l’ouvrit, il voulait trouver de la compagnie. Il savait que Damian était au Cirque des Damnés ce soir.

Mais devant la porte, une douzaine de roses blanches gisaient sur le sol, les gouttes d’eau artistement disposées sur les pétales. Il sentit comme un coup de poignard dans le cœur et pendant un moment il ne voulut même pas les ramasser. Ainsi en se séparant de façon si pénible, Jean-Claude avait quand même pensé à les lui faire envoyer, un geste muet de compréhension et d’amour, alors qu’Asher avait été si cruel, qu’il aurait dû s’excuser.

Finalement il se pencha pour saisir le bouquet, la culpabilité le déchirant jusqu’à ce qu’une petite enveloppe, cachée sous les fleurs, tombe sur le sol et rapidement il fut alerté. L’écriture à l’encre rouge, très nette, sur le dessus de l’enveloppe marquait son nom. Il ne connaissait pas cette écriture, les lettres étaient beaucoup trop précises, ce n’était absolument pas l’écriture de Jean-Claude pleine de fioritures.

 Il se sentit déçu pendant un moment puis il ressentit un picotement désagréable quand il se saisit de la carte. Les roses sous le bras, Asher retourna dans la chambre de Jean-Claude et il les laissa tomber sur la table et ouvrit hâtivement l’enveloppe, retirant un feuille pliée de coûteux parchemin, un truc qui n’est plus utilisé de nos jours.

Si ce n’était pas de Jean-Claude, de qui était-ce ? il déplia le parchemin avec impatience et ne vit que son nom. Il n’y avait rien d’autre, comme si la personne avait seulement voulu s’assurer qu’Asher n’attribuerait pas les fleurs à Jean-Claude, comme il venait de le faire en première intention. Asher avait participé à tellement d’intrigues vampiriques qu’il n’imagina pas un seul instant que c’était une simple coïncidence. Jean-Claude était parti pour deux nuits ou plutôt cela créait la parfaite opportunité pour ceux qui voulaient s’emparer de la ville. Il n’y avait personne ici qui pourrait les défier, Asher en était parfaitement convaincu. Il n’était arrivé aucun vampire à St Louis, mais si l’expéditeur des roses était un maître vampire puissant, dissimuler son arrivée aurait été un jeu d’enfant.

Asher regarda les roses blanches toujours posées sur la table, en colère parce qu’il était tellement perdu dans ses pensées en relation avec Jean-Claude qu’il en avait immédiatement tiré les mauvaises conclusions. Etait-ce juste une machination de Belle Morte, qui aurait manigancé l’arrivée d’un vampire puissant en attirant Jean-Claude hors de la ville ? Après tout, si Belle Morte avait compris qu’elle ne pourrait plus avoir Jean-Claude, elle pourrait tout aussi bien avoir décidé que personne d’autre ne l’aurait et c’était bien dans son genre de chercher à le faire tuer, sourdre de sang ou pas. S’il mourait, c’était la preuve qu’il n’était pas digne de la position qu’il tenait, tout simplement.

Cette pensée lui glaça le sang ; et soudain Asher vit les choses clairement, et cela lui fait l’effet d’être plongé dans un bain d’eau glacée. Il savait à quel point Belle Morte pouvait être vicieuse quand il s’agissait d’affirmer sa puissance. Si elle s’imaginait que Jean-Claude pourrait grandir en pouvoir et finir par être une menace pour elle, il était presque son protégé, alors il fallait qu’elle trouve un moyen pour se retourner contre lui. Si elle avait choisi un maître puissant elle ferait l’innocente si St Louis était soudain conquis… étant donné qu’elle serait au Conseil en France, bien sûr à côté de Jean-Claude.

Un autre moyen d’abattre Jean-Claude serait de tuer sa servante humaine, ce qui conduirait à la mort du vampire. Personne ne pourrait faire le rapprochement avec elle. Ce serait un subterfuge digne de Belle Morte et tout ceci devrait  être accompli pendant les prochaines 48 heures. Les roses n’étaient qu’un prélude, une sorte d’avertissement. Asher sentait que le temps était en marche, inexorablement, comme le destin, et il se demanda combien il lui restait de temps, s’angoissant pour Jean-Claude. Celui-ci était en danger à la cour de Belle Morte, mais le Conseil avait toujours représenté un danger, ce n’était pas quelque chose de nouveau. Après tout, si quelqu’un pouvait tenir tête à Belle Morte, c’était bien Jean-Claude, avec un peu de chance de son côté.

Non, ce n’était pas lui qui était le plus concerné. Mais quelle était la faiblesse de Jean-Claude ? Asher se rua dans le couloir, très heureux de savoir qu’il possédait un talent très appréciable, celui de voler. Il aurait dû y penser immédiatement, peut-être était-il déjà trop tard ? Anita était la prochaine cible.



09/05/2012
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