Plume et parchemin

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Chapitre 4 - préparatifs de fête

4 - préparatifs de fête –

 

      Quelques jours plus tard, Elizabeth est parfaitement remise et pour faire oublier son absence, elle redouble d'attentions pour les invités. Tous les hommes, surtout eux, sont admiratifs lorsqu'elle apparaît toujours plus séduisante.

L'un de ces fidèles admirateurs est bien sûr le comte Andrássy, qui est littéralement sous le charme depuis que l'impératrice est arrivée dans son pays. Ils ont eu l'occasion de parler assez souvent et leur conversation, exclusivement en hongrois, agacent les dames d'honneur qui ne peuvent rien comprendre – allez savoir ce que se racontent ces deux-là, que complotent-ils, on ne peut pas avoir confiance en un ancien révolutionnaire !

Même le comte Crenneville, aide de camp général de l'empereur, est furieux et écrit à sa femme : « L'impératrice a parlé plus d'un quart d'heure avec cet Andrássy lors d'un bal au château  d'Ofen !! »

Crenneville détestait les magnats hongrois, jugeant leurs costumes « ridicules et débraillés » et les femmes se conduisant de façon éhontée lors des csárdás, pourtant prétendument convenablement dansées ».

Au contraire, Elizabeth aime cette désinvolture, cette liberté des manières de l'aristocratie hongroise qui lui font oublier les manières guindées de Vienne où chacun de ses gestes était épié, critiqué.

L'âme hongroise l'attire par sa fierté et ses sautes d'humeur et aussi lorsque la plus grande gaîté fait place à une mélancolie soudaine, en somme une parfaite réplique du caractère d'Elizabeth qui toujours passe de la joie à des moments d'angoisse et de tristesse.

Elle a en effet bavardé avec Andrássy sur bien de sujets, cherchant à connaître plus parfaitement la Hongrie et, bien sûr, ses habitants. Et le comte s'emploie à la convaincre de plus en plus à la cause de son pays. Cette jeune femme, dont il devine l'âme passionnée, ardente, ne peut trouver meilleur répondant que l'âme exaltée mais aussi profondément triste des Magyars. Celle qu'il appelle déjà en secret « La Belle Providence », il l'apprécie chaque jour davantage. Plus encore que sa beauté, c'est son charme qui le captive, sa grâce innée, cette façon adorable et non calculée de bouger, de quêter une approbation, ce mélange de timidité mais aussi de hardiesse lorsqu'elle veut défendre son opinion sur un sujet qui lui tient à cœur. Alors, quelle flamme brûle dans ses yeux mordorés, jusqu'au rose qui doucement envahit ses joues.

Pour le moment, il ne réfléchit pas, il se laisse bercer par la joie de la contempler, presque chaque jour, de partager avec elle des idées et chercher à découvrir ses goûts. Chez lui, dans son pays, il a l’impression qu’elle lui appartient un peu, comme toute la nation hongroise qui, secrètement déjà, la nomme « notre reine ».

Les cérémonies, les invitations se succèdent donc et ce qu’elle supporte très difficilement à Vienne, ici, elle l’accepte avec courage, car elle sait que tous sont venue pour l’accueillir avec chaleur.

.-     Quel costume porterez-vous demain, Majesté, pour la réception donnée à la salle de la Redoute et à laquelle vous a convié personnellement le comte Andrássy ? le costume hongrois blanc ?

-     Oui, je mettrai le blanc, il est très beau.

-     Et comment coifferez-vous vos cheveux ? les laisserez-vous libres ?

-       Je ne peux pas laisser pendre mes cheveux, Ida ! tu n'as pas honte, toi une hongroise, tu as oublié qu'il y a le mantelet avec ce costume. Je mettrai le costume blanc avec le mantelet de velours vert doublé de fourrure blanche et au cou j'attacherai mes rubis.

Ida baisse la tête, puis se met à rire doucement.

-     Qu’est-ce qui te fait rire, Ida ? demande gentiment Elizabeth.

-        Je pense que si l'archiduchesse Sophie vous voyait, Majesté, avec ce costume blanc, vert et les pierres précieuses rouges (rouge, blanc, vert les couleurs de la Hongrie), elle en tomberait malade.

 -        J'espère qu'elle attraperait une jaunisse, elle qui a en horreur tous les Magyars « leur goût immodéré pour la liberté, leur caractère intraitable et surtout leurs csárdás vulgaires » ajouta Elizabeth en mimant l'air outré de l'archiduchesse.

Comme cela fait du bien de pouvoir rire ; ici, elle se sent libre, loin de la tyrannie de sa belle-mère, de la surveillance constante des dames d'honneur de la cour, âgées et guindées.

- Vous allez déchaîner l'enthousiasme de tous les invités, j'attends avec impatience de voir leur réaction, dit Ida avec chaleur, vous avez déjà beaucoup d'admirateurs mais vous allez en compter encore quelque uns de plus.

 

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01/01/2016
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