Charles Cros - matin
Voici le matin bleu, ma rose et blonde amie,
Lasse d'amour, sous mes baisers s'est endormie.
Voici le matin bleu qui vient sur l'oreiller
Eteindre les lueurs oranges du foyer.
L'insoucieuse dort. La fatigue a fait taire
Le babil de cristal, les soupirs de panthère,
Les voraces baisers et les rires perlés.
Et l'or capricieux des cheveux déroulés
Fait un cadre ondoyant à la tête qui penche.
Nue et fière de ses contours, la gorge blanche
Où, sur les deux sommets, fleurit le sang vermeil
Se soulève et s'abaisse au rythme du sommeil.
La robe, nid de soie, à terre est affaissée.
Hier, sous des blancheurs de batiste froissée
La forme en a jailli libre, papillon blanc,
Qui sort de son cocon, l'aile collée au flanc.
A côté, sur leurs hauts talons, sont les bottines
Qui font aux petits pieds ces allures mutins,
Et les bas, faits de fils de la vierge croisés,
Qui prennent sur la peau des chatoiements rosés.
Epars dans tous les coins de la chambre muette,
Je revois les débris de la fière toilette
Qu'elle portait, quand elle est arrivée hier
Tout imprégnée encore des senteurs de l'hiver.
Retour aux articles de la catégorie Poèmes : le baiser -
⨯
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 8 autres membres