Plume et parchemin

Plume et parchemin

La Belle Dame Sans Merci

Le poème décrit la rencontre entre un chevalier  inconnu et une mystérieuse femme qui se dit « la fille d'une fée ». Il commence par la description du chevalier dans un paysage aride, Il raconte au lecteur la manière dont il a rencontré une belle jeune femme aux « yeux sauvages » ; L'emmenant avec lui sur son cheval au gouffre Elfin, où « elle pleurait, et soupirait », puis s'endormant, le chevalier a une vision de « rois pâles et de princes », qui crient : « La Belle Dame sans Merci t'a subjugué ! » Il se réveille pour se trouver du côté de la même « colline froide », après quoi il continue d'errer.

 Du fait que le chevalier est associé à des allégories de la mort, comme le lys (symbole de la mort dans la culture occidentale), la pâleur, la « disparition », il est probable que le héros est mort lorsqu'il conte l'histoire. Il est clairement voué à rester sur la colline, mais la cause de ce sort est inconnue. Une simple lecture suggère que la dame lui a tendu un piège, à l'instar des héroïnes de contes comme Thomas le Rhymer ou Tam Lin. Par ailleurs, comme les chevaliers sont généralement liés par des voeux de chasteté, le poème semble indiquer que celui-ci est doublement damné - et, effectivement, maintenant, enchanté - quand il s'attarde ici avec une créature éthérée.

 

Ah, what can ail thee, wretched wight,
Alone and palely loitering?
The sedge is wither'd from the lake,
And no birds sing.

                          II

Ah, what can ail thee, wretched wight,
So haggard and so woe-begone?
The squirrel's granary is full,
And the harvest's done.

                          III

I see a lily on thy brow,
With anguish moist and fever dew;
And on thy cheek a fading rose
Fast withereth too.

                          IV

I met a lady in the meads,
Full beautiful - a faery's child;
Her hair was long, her foot was light,
And her eyes were wild.

                          V

I set her on my pacing steed,
And nothing else saw all day long,
For sideways would she lean, and sing
A faery's song.

                          VI

I made a garland for her head,
And bracelets too, and fragrant zone;
She look'd at me as she did love,
And made sweet moan.

                          VII

She found me roots of relish sweet,
And honey wild, and manna dew;
And sure in language strange she said -
'I love thee true.'

                          VIII

She took me to her elfin grot,
And there she gazed, and sighed deep,
And there I shut her wild wild eyes
So kiss'd to sleep.

                          IX

And there we slumber'd on the moss,
And there I dream'd - Ah! woe betide!
The latest dream I ever dream'd
On the cold hill side.

                          X

I saw pale kings, and princes too,
Pale warriors, death-pale were they all;
They cried - 'La Belle Dame sans Merci
Hath thee in thrall!'

                          XI

I saw their starved lips in the gloam,
With horrid warning gaped wide,
And I awoke, and found me here
On the cold hill side.

                          XII

And this is why I sojourn here,
Alone and palely loitering,
Though the sedge is wither'd from the lake,
And no birds sing.

Traduction

Oh qu'est-ce qui peut te faire souffrir,
Pauvre être,
Errant, solitaire et si pâle ?
Les joncs sont flétris au bord du lac,
Nul oiseau ne chante.

Oh, qu'est-ce qui peut te faire souffrir
Pauvre être,
Si farouche et si malheureux ?
Le grenier de l'écureuil est plein
Et la moisson est rentrée.

Je vois un lys sur ton front
Moite d'angoisse et de fiévreuse rosée,
Et sur ta joue une rose qui s'effeuille
Commence aussi à se flétrir.

J'ai rencontré une dame dans les prés,
Très belle, fille de fée,
Ses cheveux étaient longs, ses pieds légers,
Et ses yeux sauvages.

Je fis une guirlande pour sa tête,
Et des bracelets, et une ceinture parfumée.
Elle me regardait comme si elle m'aimait
Et poussait une douce plainte.

Je l'assis sur mon coursier paisible,
Et ne vis rien d'autre tout le jour ;
Car elle se penchait de côté et chantait
Une chanson de fée.

Elle trouva pour moi des racines d'un goût exquis,
Du miel sauvage et une rosée douce
Comme la manne ;
Et sûrement dans un langage étrange elle me dit :
"Je t'aime d'un fidèle amour".

Elle m'entraîna dans sa grotte elfique
Là, me contemplant, elle poussa un profond soupir
Là, je fermai ses yeux égarés et tristes
Et l'embrassai pour l'endormir.

Là, nous sommeillâmes sur la mousse,
Là, je rêvai, hélas, hélas,
Le dernier rêve que j'aie jamais rêvé
Sur le flanc de la froide colline.

Je vis des rois pâles et des princes aussi,
De pâles guerriers ; tous étaient pâles
Comme la mort,
Et criaient "La Belle Dame Sans Merci
Te tient en servage".

Je vis dans les ténèbres leurs lèvres affamées
Grandes ouvertes pour faire peur et m'avertir ;
Et je m'éveillai et me trouvai ici
Sur le flanc de la froide colline.

Et voilà pourquoi je demeure ici,
Errant et solitaire et pâle,
Bien que les joncs soient flétris
au bord du lac
Et que nul oiseau ne chante.

 

Keats - 1819


 

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21/04/2012
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