Le Jardin
Laisse-là ton livre, viens au jardin. Viens au jardin !
Je veux te dire ce que je pense, car ma pensée est à toi, comme la brume au sol et la fumée au toit.
Viens ! je voudrais te dire de grandes choses ... qu'il y a sur ce banc plein
de petites fourmis, et là-bas une coccinelle ! Viens ! regarde sous la tonnelle cette foison de roses. Les fleurs qui finissaient, refleurissent soudain.
C'est un second printemps, plus tendre, et plus câlin.
Le jardin, dont la verdure fut par l'orage pâlie, a l'air d'un de ces doux jardins d'Italie, où les rosiers blancs s'enroulent aux cyprès. Viens !
la joie ce soir a une couleur charmante, et je suis ton amie, autant que ton amante.
Que veux-tu, c'est ainsi ! Tant de délices embrouillent et nous buvons dans l'air tant de chants de grenouilles que nous sommes grisés, que nous ne savons plus.
Et hier, te souviens-tu après qu'il avait plu ?
te souviens-tu du goût de fraîcheur qui passa ?
Te souviens-tu de l'arc-en-ciel qui se plaça sur la maison juste en face
comme une anse, avec exactement trente-quatre nuances ?
Viens avec moi ! viens avec moi ! je me rappelle d'autres roses,
d'autres oeillets, d'autres nigelles....
Viens avec moi dans les jardins de mon passé.
Dans les jardins où j'ai couru sans toi.
Viens boire tout le long du petit ruisseau de ma mémoire.
Et met dans ce ruisseau l'adorable reflet de tes yeux noirs que mon eau attendait.
Elvi
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