Le roman de la Rose - Guillaume de Lorris
À la vingtième année de mon âge, à cette époque où l'amour réclame son tribut des jeunes gens, je m'étais couché une nuit comme à l'accoutumée, et je dormais profondément, lorsque je fis un songe très beau et qui me plut fort, mais dans ce songe, il n'y eut rien que les faits n'aient confirmé point par point. Je veux vous le raconter pour vous réjouir le coeur : c'est Amour qui m'en prie et me l'ordonne. Et si quelqu'un me demande comment je veux que ce récit soit intitulé, je répondrai que c'est le Roman de la Rose qui renferme tout l'Art d'amour. La matière en est bonne et neuve. Que Dieu me fasse la grâce que celle-là l'agrée, à qui je le destine : c'est elle qui a tant de prix et qui est si digne d'être aimée qu'on doit l'appeler la Rose.
Guillaume, l'amant, est introduit par Dame Oiseuse (Oisiveté) dans le verger merveilleux de Plaisir où il participe à une danse du temps, une carole, joyeusement guidé par Liesse et Amitié et animée par Amour. Richesse et Largesse et autres personnages sont dans la danse. Il visite aussi le jardin de la Rose, car l'Amour l'atteint de ses flèches. Il apprend les règles courtoises de l'art d'aimer : discrétion, politesse, générosité, patience. Aidé par Espérance et Doux Penser, Doux Parler, Doux Regard, l'Amant veut conquérir la Rose.
Bel Accueil, fils de Courtoisie, le conduit au buisson fleuri. Mais Danger le repousse ! malgré les sermons de Raison, l'Amant s'obstine et sur le conseil d'Ami, parvient à apaiser le courroux de Danger ; il réussi même à donner un baiser à la Rose. Mais Malebouche a tout vu ! elle prévient les ennemis de l'Amant : Danger, Honte et Peur enferment le buisson dans un château et emprisonnent Bel Accueil dans une tour. L'amant s'abandonne à sa douleur.
Guillaume de Lorris et un poète d'une élégance raffinée ; il anime avec grâce ces jeux d'esprits et jamais son poème ne donne l'impression de pesanteur et d'ennui qui donnent tant de poèmes allégoriques postérieurs. Le charme de l'oeuvre tient à la fraîcheur printanière, au respect sincère dont elle fait preuve pour la femme et l'amour, à sa psychologie enfin, qui témoigne d'une fine connaissance du coeur !
Le Roman de la Rose est une oeuvre poétique de 21.780 vers octosyllabiques sous la forme d?un rêve allégorique. Il a été écrit en deux temps : Guillaume de Lorris écrivit la première partie (4 058 vers) 1230-1235, puis l?ouvrage fut repris et complété par Jean de Meung (17 722 vers) entre 1275 et 1280.
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