Plume et parchemin

Plume et parchemin

Louise Labé - sonnet

Sonnet

 

On voit mourir toute chose animée

Lors que du corps l’âme subtile part ;

Je suis le corps, toi la meilleure part :

Où es-tu donc, ô âme bien aimée ?

Ne me laisse pas si longtemps pâmée,

Pour me sauver après viendrais trop tard.

Las ! ne mets point ton corps en ce hasard,

Rends-lui sa part et moitié estimée.

Mais fais, ami, que ne soit dangereuse

Cette rencontre et revue amoureuse,

L’accompagnant, non de sévérité,

Non de rigueur : mais de grâce amiable,

Qui doucement me rende ta beauté,

Jadis cruelle, à présent favorable.

 

Louise Labé (1524-1566)

 

 



01/04/2024
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