Plume et parchemin

Plume et parchemin

Marianne et Brandon - chapitre 3

Chapitre 3

 

 

 

Marianne appuya sa tête contre le dossier et regarda par la fenêtre de la voiture, notant les arbres défiler pendant que l'équipage filait du train des 4  chevaux gris pommelé attelés. Ils filaient vers la côte et ensuite Paris ? elle ne pouvait le croire. Christopher avait parlé de Paris ! il n'en avait pas soufflé mot avant le petit- déjeuner mais là elle avait deviné après certaines allusions et il avait souri en disant qu'ils partaient en effet vers le Sud. Lorsqu'elle avait mentionné le nom de Paris, il avait acquiescé.

 

Marianne ne pouvait croire en un tel bonheur ! Paris était décrite comme une ville si romantique ! et les parisiennes étaient toujours à la dernière mode ! Peut-être que Christopher lui achèterait une de ces robes françaises ; une robe que personne n'aurait en Angleterre, même à Londres !

 

Marianne eut une légère grimace à cette idée : elle pouvait presque entendre la voix de sa soeur Elinor lui dire de ne pas être aussi vaniteuse et qu'être à la dernière mode n'était pas si important dans la vie.

 

Elle espérait pouvoir aussi visiter le Louvre dont elle avait entendu tellement entendu parler. En pensant à tout ça, elle voulut demander quand on arriverait enfin à Paris ; sa main se posa machinalement sur son cou et elle sentit le contact du métal et des pierres ; elle sourit en elle-même en se remémorant que Brandon lui en avait fait cadeau ce matin.

  

 

Marianne était assise devant sa coiffeuse alors que la jeune camériste, Sally lui arrangeait les cheveux. Sally était en train de mettre des épingles pour tenir les boucles brunes sur le sommet de sa tête et comme Marianne se regardait dans le miroir, elle jugea l'effet parfait.

 

« Merci Sally » dit-elle en se tournant à droite et à gauche pour juger de l'effet de cette coiffure. Sally fit une petite courbette et sortit de la chambre.

 -        Marianne ? elle entendit son mari l'appeler.

 -        « Entrez ! dit-elle en retour.

 Elle se tourna sur son siège et sourit à Brandon qui pénétrait dans son salon. Elle vit tout de suite qu'il avait un nouvel habit qui lui seyait parfaitement. Le tissu bleu contrastait agréablement avec ses cheveux châtain clair, qui étaient parfaitement disciplinés ; la coupe près du corps de la veste mettait en valeur ses épaules larges et son noble maintient.

 

Il tenait à la main une boîte en cuir.

 -        Qu'est-ce ? demanda-t-elle

 Il s'approcha de Marianne, se tint derrière elle. Il plaça  l'étui devant elle  et posa doucement ses mains sur ses épaules. Il se pencha et murmura à l'oreille !

 -        Un cadeau de mariage.

 -        Pour moi ? répondit Marianne d'une voix pleine d'excitation.

 -        Je ne vois aucune autre mariée dans cette pièce, répondit-il en souriant à son reflet dans le miroir.

 Elle lui rendit son sourire alors qu'elle soulevait lentement le couvercle du coffret découvrant un très beau collier. La chaîne était en or et au bout de la chaîne 21 grenats formaient un triangle. Les grenats ne se touchaient pas mais étaient tous séparés par des maillons d'or ce qui les faisaient danser à chaque mouvement. Le collier était vraiment d'un goût exquis et manifestement coûteux.

 -        Oh, Christopher, dit-elle le souffle coupé en retirant délicatement le collier de son étui, c'est splendide !

 -        Simplement un signe de mon attachement pour vous, ma chérie, dit-il modestement.

 

 Puis il prit le collier et l'attacha autour du cou de Marianne. Elle sentait le contact chaud du bout de ses doigts le long de sa nuque et ressentit quelque chose, un frisson qui descendait le long de sa colonne. Essayant de faire abstraction de cette sensation, elle demanda :

 -        Ce sont des grenats, n'est-ce pas ? Ils sont absolument magnifiques

 -        Oui, répondit-il, j'avais pensé à des perles ou des diamants mais quand on m'a parlé de la signification de ces grenats, je n'ai pas résisté à vous les acheter.

 -        Quelle signification ont-ils ?

 -       Offrir des grenats signifie un dévouement passionné ! dit-il ses yeux croisant son regard.

 

Marianne rougit et pencha la tête devant cette déclaration d'amour enflammé avoué par son mari et qu'elle lisait d'ailleurs dans ses yeux.

 Elle fut presque soulagée quand une jeune servante vint annoncer que le petit- déjeuner était servi.

 

  Marianne fut tirée de ses pensées par un arrêt brusque de l'équipage. Ils avaient atteint Douvres et c'est en bateau qu'ils continueraient la traversée de la Manche. Ensuite arrivés en France, ils loueraient une autre voiture pour atteindre Paris. Brandon lui avait assuré qu'elle pourrait se reposer mais aussi profiter de tout son saoul de la capitale.

 

Elle prit la main qu'il lui tendait pour descendre de la voiture, puis Brandon lui offrit son bras et elle enlaça le sien pour qu'il la conduise vers le navire qui les emmènerait vers la France

 

Marianne distraite, pensait à ce qu'aurait été le voyage si Willoughby l'avait emmenée en voyage de noces- peut-être Paris, mais non, sûrement pas, il lui avait dit qu'il n'aimait pas  Londres  - sans doute Paris non plus ?

 

Mais avait-il été vraiment sincère lorsqu'il avait dit qu'il détestait Londres, peut-être lui avait-il dit ceci seulement pour gagner ses faveurs ? elle ne savait plus trop quoi penser à son sujet - avait-il vraiment dit la vérité ou n'étaient-ce la plupart du temps que des mensonges ou des tromperies ? Il avait parlé de détruire Combe Magna et le faire reconstruire dans le style du gentil cottage où habitaient les  Dashwood - peut-être était-ce seulement des paroles en l'air pour lui plaire. L'avait-il seulement aimée, adorée comme il le laissait supposer ? pourtant au fond de son coeur, elle ne pouvait douter de ce dernier point.

 

Elinor lui avait confié que Brandon lui avait raconté à elle, que Willoughby avait dit à sa tante (Oh, ciel, comme c'était compliqué) qu'il avait eu l'intention de la demander en mariage, elle, Marianne ! Mais pourtant Willoughby n'avait pas hésité entre l'amour et l'argent ! il ne l'avait pas assez aimée pour faire le choix de l'épouser sans argent !

 

Un voyage de noces ? ils auraient peut-être fait le tour de la contrée des lacs- cela aurait été follement romantique et ils étaient tous les deux excessivement romantiques !

   

-  Vous semblez totalement perdue dans vos pensées - la voix de son mari la ramenait à la surface !

 La voix de Christopher, son mari et pas celle de Willoughby - stop, arrête de penser à ce Willoughby, méchante fille se morigéna-t-elle !

 

Elle rougit affreusement embarrassée et elle était heureuse que Brandon ne puisse pas lire dans ses pensées. Pourtant à travers le regard, doux, compréhensif mais quelque peu blessé qu'il  lui jeta, elle devina qu'il savait un peu à qui étaient destinées ses pensées.

 

-   Pense à Christopher ! se réprimanda-t-elle toute seule, il t'a avoué son attachement passionné et il le prouve lui ! Regarde ces magnifiques grenats qui en sont la preuve ! lis le message contenu dans ses yeux ! il t'a tout donné, son nom,  sa fortune et surtout son coeur, mais il ne semble pas se soucier de ce que TU en fais !! il SAIT que tu pensais à un autre homme et pourtant, regarde il reste si aimant, si dévoué, attentionné à tout ce qui te fait plaisir !

 -     Pardonnez-moi murmura-t-elle submergée de honte

 -   Vous pardonner ? demanda-t-il en haussant un sourcil en signe d'interrogation. De quoi ? De penser ?

 Elle allait ouvrir la bouche pour répondre, mais il plaça son index sur ses lèvres :

 -     Ne vous inquiétez pas Marianne, il n'y a rien à pardonner.

 

Il la conduisit à sa cabine sur le bateau, s'inclina et lui baisa la main.

 -   J'ai quelques courses à faire avant que le bateau ne quitte le quai. Voulez-vous rester tranquillement ici ?

 

Marianne plongea son regard dans le sien et lut toute l'empathie, l'indulgence qu'il contenait. Incapable de parler, elle hocha la tête, sourit, baisa sa main en retour et le laissa aller.

 

Elle entra dans sa cabine et voyant un siège près du hublot, elle s'affala dessus, pensant à tout ce qu'avait dit son mari. Méritait-elle vraiment l'amour d'un homme tel que Christopher Brandon ? il était parfait, trop parfait ! Quel genre d'homme était-ce qui n'avait rien dit, sachant que sa femme pensait sans doute à un autre homme, pendant leur lune de miel, pas moins ?

 

Elle savait que si le contraire était arrivé, si c'était lui qui avait pensé à une autre femme, elle n'aurait pas eu des sentiments aussi nobles, et elle n'était même pas amoureuse de lui !

 

Comment pouvait-il supporter son comportement irréfléchi, toute la peine qu'elle lui causait ? elle le traitait encore plus terriblement que Willoughby l'avait traitée, elle. Au moins, il avait agi comme s'il l'aimait, elle, et il n'avait jamais parlé d'une autre femme qu'il aimait !!

 

Allait-elle cesser de penser à ce Willoughby alors qu'elle devait penser à Christopher Brandon, son mari !

 

1807 evening suit with tight breechee.jpeg

 

 

la suite : https://plumeetparchemin.blog4ever.com/marianne-et-brandon-chapitre-4



06/12/2008
2 Poster un commentaire
Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 8 autres membres