Mincemeat pies (2) la surprise
Anita connaissait le chemin qui conduisait au bureau de Jean-Claude. Il écarta les pans du rideau pour qu'elle puisse pénétrer dans la pièce noire et blanche, mais il continua plus loin dans le bureau et passa derrière un paravent de laque noire orné de dessins orientaux. La chambre derrière était tendue de soie rouge, un grand canapé recouvert de brocart occupait un pan de mur, des tables et des chaises recouvertes de laque de Chine ainsi que des cabinets étaient disposés en face. Et tout au fond, dans l'ombre un immense lit recouvert de tissus précieux ; en imaginant des ébats voluptueux sur cette couche, Anita sentit un long frisson la parcourir de haut en bas. Oui, ça c'est ton côté pervers, oublie ça tout de suite sinon on va être mal barrés se morigéna-t-elle en elle-même.
Jean-Claude s'approcha d'Anita ; elle admira encore une fois le corps parfait : les longs cheveux bouclés effleuraient le col volanté d'une chemise aussi blanche que la neige, qui baillait largement sur sa poitrine d'albâtre seulement marquée de la cicatrice en forme de croix. Les larges manches étaient terminées par des manchettes de dentelle qui recouvraient presque les mains quand elles étaient au repos et voletaient telles des ailes à chacun de ses mouvements. Un pantalon noir le moulait, les jambes passées dans des bottes de cuir souple. Un gros ceinturon fermait le pantalon, orné d'un cabochon avec un énorme saphir qui se mariait avec le bleu des yeux du vampire. Ouhh ces yeux bleu sombre, encadrés par cette frange d'immenses cils noirs soyeux que plus d'une femme aimerait posséder...
Lentement, il prit son manteau et lui ôta, le jetant négligemment sur une chaise. Anita vit qu'il admirait sa robe de dentelle noire : pour une fois qu'elle avait choisi quelque chose qui la mettait vraiment en valeur, soulignant ses formes ! des manches de dentelle transparente dissimulaient ses cicatrices.
Jean-Claude lui désigna le canapé d'un geste de la main :
- Tu veux t'asseoir ?
Anita s'y installa, essayant de ne pas laisser sa robe remonter trop haut, dévoilant ses jambes. Ce n'est pas parce qu'elles étaient musclées qu'il fallait pour autant attirer le regard du vampire. Mais Jean-Claude, pour une fois, ne fit aucun commentaire, il battit seulement des paupières une ou deux fois.
- J'ai quelque chose pour vous, s'empressa de dire Anita, là dans ce sac posé sur la table
- Ah, c'est une surprise ? un cadeau de Noël ? demanda Jean-Claude
- En quelque sorte oui.
- Cela fait si longtemps que je n'ai pas eu de cadeau de Noël, ajouta-t-il songeur, voyons ce qu'il y a là-dedans.
Il écarta les pans de papier pour saisir le paquet enveloppé dans du papier de soie qu'il commença à défaire doucement pour découvrir les fameux gâteaux.
- Oh, qu'est-ce que c'est ? ça sent délicieusement bon, ses narines palpitaient.
- Gâteaux traditionnels de Noël – oui, je sais vous n'avez pas un besoin réel de vous nourrir mais je ne pouvais pas sortir « voir mon amie » sans les emporter, ma belle-mère a insisté.
- Votre amie ? vous avez dit que vous alliez visiter une amie ?
- Et que vouliez-vous que je lui dise, Jean-Claude ? j'ai un rencart avec un vampire ?
Jean-Claude éclata de rire – des éclats de rire aussi cristallins qu'un tintement de cristal – la tête rejetée en arrière, les boucles de ses cheveux caressant son col, il était plus qu'adorable à regarder, vraiment "à croquer" !
Anita serra brusquement les jambes, très mal à l'aise. Finalement, le rire la gagna aussi, dissipant son malaise.
Elle fut prise d'un fou rire nerveux à cette idée d'avoir apporté des mincemeat pies à un .. oh, un vampire !! Doux Jésus, c'était le scoop du siècle ! les larmes en ruisselaient sur ses joues qu'elle balaya de ses doigts.
- Vous n'êtes pas obligés de les manger, hoqueta-t-elle enfin
- Non vraiment ? et que dois-je déguster alors si ce n'est pas ma surprise ? les yeux de Jean-Claude passaient du bleu saphir au bleu marine et il laissa entrevoir l'extrémité de ses canines.
Anita sursauta.
- Jean-Claude, vous m'aviez promis…vous vous êtes nourri au moins ? il était grand temps qu'elle pose cette question.
- D'être sage ? je vais tenir ma promesse, ma petite dit-il soudain sérieux, c''est une question d'honneur et pour répondre à ta deuxième question, oui je me suis nourri avant le départ de mes amis.
Elle baissa la tête supportant difficilement son regard trop incisif.
Jean-Claude ouvrit un petit meuble en laque de Chine et en sortit une assiette et une tasse en porcelaine si fine, qu'on aurait pu voir à travers.
- Un thé de Chine, ma petite ? pour accompagner ma « surprise » ?
Anita ne savait pas s'il se moquait d'elle ou s'il faisait preuve de galanterie.
- Volontiers, finit-elle par répondre pour rester neutre.
- Parfait.
Il ouvrit les deux battants d'un autre petit cabinet de laque et Anita aperçut une bouilloire, ainsi qu'une théière et une grosse boîte contenant certainement du thé. Complètement ahurie, elle le vit préparer le breuvage.
Elle devait exprimer la plus grande stupeur, car lorsque Jean-Claude se tourna vers elle avec la théière fumante à la main, il dit d'une voix ironique :
- Surprise, ma petite ? je sais « vivre » tu sais. Et comme Anita semblait toujours stupéfaite, il ajouta, Oh tu ne me connais pas, Anita, sa voix était veloutée, tu ne connais qu'une infime partie de moi, en fait tu ne vois que le monstre, le buveur de sang !
- Désolée, si je m'imaginais.. bafouilla-t-elle
Jean-Claude rit de ce rire de gorge si sensuel.
Bien, alors tu vas goûter ma « surprise » et il versa le liquide ambré dans les tasses délicates, et je vais te regarder et goûter à travers toi ; Anita s'approcha de la table. « Bon, pensa-t-elle, ça ne se passe pas si mal, nous voila en train de jouer à la dînette le soir de Noël, c'est toujours mieux que de jouer à … d'autres jeux.
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